Voilà un livre très noir, normal pour un thriller.
Il est bien sombre, mais pas de quoi s’affoler… on est en zone sécurisée, les éléments sont classiques, l'éditeur est connu, c'est Gallmeister, le voyage peut commencer.
L'environnement n'est pas sans dissonance : un enfant à part ou peut-être mutant, une sorcière, et le bayou, sa moiteur, sa végétation presque charnue… le décalage est d’abord léger, juste de quoi installer un petit malaise à la lecture.
C’est dans ce bayou à la fois protecteur et inquiétant que survit Miranda après avoir perdu son père et gagné un frère lors d’une nuit terrible. Elle tente de sauver sa peau face à des trafiquants impitoyables et des flics véreux, bien ancrée dans le concret d’un monde brutal et perverti, fait de drogue, de traite des blanches, d’éliminations sommaires…
Par petite touche, le surnaturel prend néanmoins le dessus et on finit par basculer dans l’horrifique : la sorcière est une vraie sorcière, le bayou est vivant, les pêchés prennent chair. Quelque chose vient du fin fond des âges qui est bien décidé à posséder ce qui lui a été promis.
C’est assez plaisant de se laisser emporter par ce roman étrange, bien écrit, baroque. Andy Davidson est souvent comparé à Neil Gaiman, entre autre. Il a écrit 3 romans, dont deux seulement ont été traduits en français. Reste à voir si le prochain tiendra ses promesses.
En tout cas, si vous êtes prêt à oser le style thriller poético-gothique, n'hésitez pas à réserver la fille du batelier.
Un roman qui aurait pu trouver sa place sur ma pile de l’été… dommage, il va falloir en trouver un autre. Heureusement que la Médiathèque regorge de pépites. Tiens, je vais relire le poème halluciné King County Shérif de Mitch Cullin.