Carbone et Silicium sont deux robots humanoïdes conçus pour protéger les humains. Ils ne veulent pas mourir au bout des 15 ans prévus.
Dotés d’une Intelligence Artificielle et désireux de découvrir le monde qui les entoure, ils vont chacun trouver le moyen de vivre bien au-delà des 15 ans de leur obsolescence programmée. Chacun à sa façon, ils vont tâcher de comprendre le sens de leur existence : Silicium en agissant, Carbone en contemplant le monde.
Alors que les hommes survivent, dans un monde en déclin, les deux robots laissent une trace de leur existence en repoussant les limites de leur propre finitude, pour des siècles et des siècles.
Ils se croisent de loin en loin, comme dans un rêve étrange et pénétrant d’un autre, inconnu et qu’ils aiment, qui les aiment, et qui ne sont, à chaque fois, ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait d’autres…
A chaque nouvelle rencontre ils sont de plus en plus décrépis, proches de leur fin sans jamais l’atteindre vraiment.
Ils partagent alors le sens qu’ils ont trouvé à leur présence sur terre, leurs questionnements, leur farouche désir de vivre tandis qu’autour d’eux le monde meurt, renait et meurt encore.
Le temps s’étire. On aperçoit de loin, comme si ces robots ou nous-mêmes étions des sortes de dieux, les humains qui se débattent pour garder la vie telle qu'ils la connaissent, en vain. La planète s'essouffle, reprend sa respiration mais tient. Les robots se désagrègent lentement mais sont encore là. Le temps de la mort n'est pas celui qu'on nous annonce, ce n'est pas un arrêt brutal, mais une lente transformation qui dure des milliers d'année et c'est fascinant. La perspective et la balade dans cette non fin apocalyptique donne le tournis.
Un album vertigineux donc, dans lequel on entre par la porte de la dystopie et dont on ressort par celle de la philosophie et de la métaphysique.
Cette magnifique fable, qui a trouvé son aboutissement après 4 années de travail, est l’œuvre de Mathieu Bablet.
C’est un auteur au trait original, qui porte autant d’attention au scenario qu’au graphisme et à la couleur de ses créations pour un résultat impressionnant.
Mathieu Bablet est également l’auteur de la Belle mort, de Shangri-la, vendu à plus de 110 000 exemplaires, d’une œuvre de nouvelles, ayant pour thématique les sorcières, en tant que scénariste (et dessinateur pour une des histoires) de Midnigth Tales T1, qui est assez plaisante à lire, quand on aime les productions collaboratives.
Un auteur à suivre donc, à réserver et à lire de toute urgence si vous ne l’avez pas déjà fait.