Il y a Melle Superfétatoire, l’oiseau exotique avec ses humeurs, l’Ordure, le sénateur, de toutes les fêtes et puis bien sûr, la Mère, extravagante, exubérante et il faut bien l’avouer, un peu folle.
Madame, évidemment, est incapable de travailler mais a néanmoins essayé : chez un fleuriste duquel elle a été licenciée au motif qu’elle n’allait pas faire payer des fleurs, jolies qu’on trouvait gratuitement de partout. « Elle refusait de participer à cette escroquerie généralisée …».
Il y a le Fils qui voue à sa mère un amour inconditionnel, puis le Père, propriétaire de garages qui assure le quotidien, mari complaisant et admiratif de la folie de sa femme.
Les parents ont aussi édicté des règles de vie dont la loufoquerie le dispute à l'absurde où par exemple, la punition la plus commune consiste à imposer à leur enfant de regarder la télé. Chaque jour, le père baptise sa femme d’un prénom différent. Leur quotidien est rythmé par les fêtes toutes plus réussies les unes que les autres.
La loufoquerie jubilatoire et insouciante constitue donc le fil conducteur de la première partie du roman mais aussi le récit comminatoire du père, qui s’il cautionne la douce folie de sa femme, sent le dérapage fatal.
Celui-ci arrive sous la forme d’un inspecteur des impôts et d’un incendie allumé dans l'appartement par la femme dans un énième accès de folie. Elle est internée et la passion qui lie le couple va alors prendre toute son ampleur : le père et le fils vont décider de la libérer de sa prison chimique pour l’emmener occuper un château en Espagne.
Récit d’un amour plein d’un mari pour sa femme et d’un fils pour sa mère, où l’unité de temps et de lieu s’efface.
Il y a un côté léger et improbable du roman, non dénué de certaines facilités (telle que la narration bicéphale Père/Enfant, le père qui subvient à toutes les contraintes financières inhérent à leur mode de vie), qui laisseront peut-être quelques lecteurs(rices) de marbre.
Mais, on ne peut dénier à l’auteur un sens du rythme et une certaine virtuosité dans l’écriture, un côté Boris Vian que la fin choisie rappelle en filigrane. On a envie de se laisser porter par le pétillant, le superflu, l’amour qui lient ces trois personnes. La folie, bien que pudiquement évoquée, est malheureusement bien réelle mais elle ne doit pas empêcher de se repasser les exubérances verbales de cette femme, de se goberger de la volonté renouvelée de changer le sordide de la vie quotidienne en une fête permanente. De vivre en définitive!!