Simone de Bonefont : un nom bien de chez nous, me dis-je. Mais qui est donc cette Simone, une femme qui écrit un... requiem!. Il n'y en a pas tant que ça, et cela touche ma curiosité. D'autant plus qu'en écoutant le CD je suis tout de suite prise par la beauté de ces voix. En y regardant de plus près, je me rends compte que cette Simone est ... un homme!. Né au 16ème siècle, il était  compositeur, chanoine et chantre à la cathédrale de Clermont Ferrand, "capitale historique de l'Auvergne". Ah, j'avais raison, un nom bien de chez nous!.

Compositeur aujourd'hui oublié, peu d'oeuvres de lui ont été publiées, car comme pour tant de compositeurs français de cette époque, nombre de manuscrits ont péri durant les années barbares de la révolution française. Dommage, vu la haute qualité de polyphonie de ce compositeur.

Il faut donc profiter de cette magnifique messe de requiem pour cinq voix qui a pu être sauvée. Sa maitrise du contrepoint (superposition organisée de lignes mélodiques distinctes), la composition pour voix hautes qui convenaient aux enfants du choeur de Clermont Ferrand que Simone de Bonefont dirigeait, l'art subtil des notes volontairement dissonantes, font que l'on peut considérer cette Missa pro mortuis (ou Messe pour les morts) comme l'un des points d'orgue de l'écriture polyphonique, englobant toutes les caractéristiques des techniques franco-flamandes de l'époque.

L'ensemble Huelgas, dirigé par Paul Van Nevel, est réputé pour son interprétation de la musique du Moyen Age et de la Renaissance. Il propose ici un premier enregistrement mondial de cette messe de requiem inédite. Ces requiems répondaient à la science de la technique des compositeurs par l’humilité face à la mort, la douleur de la perte, la conscience de l’éternité et de son mystère. Pensons à ceux d’Ockeghem, Brumel, Lassus et tant d'autres.

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