De son vrai nom, Fabrice Caro, originaire de Montpellier et donc naturellement publié par la petite maison montpelliéraine de BD, 6 pieds sous terre. C’est avec cette BD, qu’il s'est vraiment fait connaître et comme il dit « «Ça fait quatre ou cinq ans que je vis bien de la bande dessinée. Je suis payé décemment tous les mois à dessiner et à écrire : c’est surréaliste. J’ai l’impression d’être milliardaire.» (Libération 17/01/2018)

Prolifique, il n'hésite pas à franchir les frontières de genre (il a déjà publié un roman et va sortir un 2ème en octobre chez Gallimard)

photo fabcaro

L'histoire donc, on part d'un rien : un homme passe en caisse pour payer ses courses et s’aperçoit qu’il n’a pas sa carte de fidélité sur lui : dénoncé par la caissière et échappant au directeur, il s’enfuit un poireau à la main. S’ensuit une cavale confuse où le héros parcourt une partie de la France, fait du stop pour atterrir en Lozère et au final se fait capturer dans un grand élan de contrition mâtiné d'Arnica 9CH (les adeptes de l'homéopathie comprendront) et du tube de Joe Dassin "Siffler sur la colline"

Il y a bien évidemment du nonsense dans ce road-movie loufoque et absurde. Mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est une BD politique et peut-être la plus personnelle selon son auteur. Pour preuve, son héros en fuite est représenté sous ses propres traits et Fabcaro n'a jamais vraiment caché ses sympathies pour l'extrême gauche et l'ancien candidat aux dernières Présidentielles Poutou. Montrant sans transition l’étalage de la bêtise la plus commune, il met les pieds dans le plat de l’hypercapitalisme et de l’hyperconsommation de la vie quotidienne qui entraînent des comportements d’une bêtise affligeante auxquels on ne prête plus attention et pourtant symptomatiques d’une société malade.

On imagine bien que le quotidien de Fabcaro constitue pour lui une source intarissable d’inspiration : micro-trottoirs qui font dire ce qu’ils veulent faire entendre, conversations de comptoir, emballement médiatique à partir d’un rien, il n’épargne même pas ses congénères du petit monde de la BD qui sont disséqués en quelques gaufriers sans pitié.

Sa mise en scène volontairement figée, avec un trait très rude, très noir, prend toute sa valeur dans ce qu'il laisse de puissance au texte et aux violentes cassures d’une case à l’autre. On sent que ce n'est pas un grand adepte de la technique (il a déclaré d'ailleurs que son dessin, tout comme celui de son ami Gilles Rochier avaient fait l'objet de commentaires pas très élogieux de la part de certains de co-religionnaires de la BD) tandis que la couleur de l'aplat utilisé (un vert caca d'oie plutôt surprenant) est là essentiellement pour donner de la profondeur à ses propos. Preuve, s'il en fallait, qu'on peut réussir une BD en misant subtilement sur un texte percutant.

 

Fabcaro 2 Copie Fabcaro 1 Copie

 

 

 

 

 

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